Le 24 décembre sortira l’excellent Whiplash (ma critique ici). J’avais eu la chance avec quelques autres privilégiés de rencontrer le réalisateur, le timide Damien Chazelle et son acteur principal, Miles Teller (dont vous pouvez retrouver le compte-rendu là). Retour sur cette belle rencontre.
C’est un film très masculin. Il y a le héros bien sûr, mais aussi le père, le professeur, les élèves, mais il n’y a pas de mère ou de figure féminine, excepté sa petite-amie et encore, sa relation avec elle est lointaine à cause de son art… Pourquoi ?
Damien Chazelle : C’est fait exprès. Le monde du jazz, historiquement, c’est un monde masculin. Je trouve ça intéressant de voir qu’après toutes ces années, il y a toujours autant de ségrégation dans le jazz au niveau du sexe. On voit beaucoup de femmes qui chantent, qui jouent du piano. Il y a certains instruments où l’on ne voit pas de femmes. D’un côté, c’est triste. Et d’un autre, il y a le reflet d’une tradition, d’une culture qui n’est pas très loin de la culture militaire, des autres environnements qui ont été, historiquement, très masculins et où la venue des femmes est très récente. Et Fletcher descend de la tradition des Buddy Rich, Miles Davis, Harry James… C’étaient des types très machos. Je pense qu’il y a aussi une sorte de manque de confiance dans les musiciens, surtout les musiciens de jazz. Parce que déjà, c’est une musique qui n’est pas très populaire dans la société, on ne va pas gagner des fortunes. Et quand on est jeune, dans la culture ou la société, les musiciens de jazz seront toujours en-dessous des athlètes (ce que le film montre – ndlr). Il y a donc toujours ce sentiment d’insécurité chez ces jeunes hommes musiciens, par rapport aux sports physiques. Et pour un batteur, c’est difficile car c’est très physique. Il y a un côté presque boxe, avec les mains qui saignent, les doigts qui fatiguent… Mais on est traité comme un petit jazz band geek par le monde et donc, c’est un peu à cause de ces clichés que le jazz est perçu comme quelque-chose de délicat, peut-être même de féminin. Parce que c’est artistique, c’est subtil, c’est tout ce que n’est pas le sport. Le professeur Fletcher sait comment manipuler les peurs et les sentiments de ses élèves, et il le fait en insultant la masculinité de ses élèves. Pour le père, c’est un peu le père émasculé. Il n’a pas réussi à atteindre ses rêves, il n’a pas réussi à garder une famille. C’est un père qui est devenu à la fois père et mère. Et Andrew souffre un peu de ce modèle de société typiquement masculin. La scène avec la famille voisine qui vient dîner est emblématique pour ça. C’est une famille typiquement américaine, avec le père, la mère, les deux fils, on parle football… C’est classique, ça. Et c’est tout ce que n’a pas vécu Andrew et il le sent. Et ça le touche.
Il y a une thématique très présente dans le film, c’est celle de la souffrance. Et il y a un lien entre le plaisir et la souffrance qui est suggéré. Pensez-vous, vous aussi, que pour trouver le vrai plaisir, la vraie satisfaction, il faut passer par la souffrance ?
D.C. : Oui, je pense. L’art n’est pas facile et si c’est facile, c’est que c’est mauvais. Il y a un mythe que je trouve très bête, c’est le mythe du génie né. Ça n’existe pas. On a celui de Mozart par exemple, mais si on connaît vraiment l’histoire de Mozart, on comprend que c’est son père, c’est son éducation, son milieu. C’était une enfance très bizarre, il ne faisait que de la musique. À 5 ans, il avait déjà passé plus d’heures à faire de la musique, que les autres musiciens à 20 ans. Donc, ce n’est pas magique le génie. Il y a du magique dans l’art qu’il créé, mais le génie ne l’est pas lui. Pour moi, la seule chose qui lie tous les génies du monde, quelque soit les disciplines, c’est qu’ils bossent plus que les autres. Et c’est un peu ça que je voulais montrer, que ce n’est pas facile et qu’il faut de la souffrance.
Pourquoi votre choix s’est porté sur J.K. Simmons pour incarner Fletcher ?
D.C. : Le producteur du film a suggéré son nom parce qu’il le connaissait bien. Moi ce que j’adore chez lui, c’est que oui, il peut faire des monstres (on a tous vu Oz), mais c’était il y a longtemps. La plupart de ses rôles ces dernières années, c’était des rôles de pères gentils. Le père qu’il jouait dans Juno, c’est un peu l’équivalent du père d’Andrew dans mon film. Pareil, le patron du journal dans Spiderman, c’est un rôle un peu de père gentil et c’était un rôle comique. Donc, soit il est gentil, soit il est comique. Et je voulais utiliser ses muscles, son visage, pour créer quelqu’un qui fait peur, mais qui sait aussi faire rire et charmer les gens. Charmer parce que sinon, on ne comprendrait pas pourquoi ses élèves restent. Avec Fletcher, on voit bien son talent pour maltraiter les gens, mais en même temps, faire en sorte à ce qu’ils restent à ses cours, c’est ça qui est difficile. C’est facile d’être un monstre. Mais c’est pas facile de faire ça et que les gens vous aiment quand même.
Question sur votre mise en scène. Que ce soit en musique ou au cinéma, dans les deux cas, tout est une question de tempo, de rythme. Comment avez-vous pensé votre mise en scène ? Parce que filmer la musique et que ça ait un rendu cinématographique, c’est un exercice très difficile et vous l’avez parfaitement réussi…
D.C. : Merci. Moi, je ne pense pas que ce soit parfait, mais ce que j’ai essayé de faire… La musique, on l’écoute. Donc, c’est toujours très difficile de trouver des images à mettre sur la musique. C’est comme les images sur la nourriture etc… J’ai commencé avec des documentaires et quand j’étais plus jeune, j’ai filmé des musiciens de jazz et j’adore ça, je trouve ça très beau, avec tous leurs instruments etc… Mais ici, il ne fallait pas que ça fasse style documentaire ou cinéma-vérité. Il fallait que ça soit un style plus formaliste. Je disais à mon monteur, Tom Cross, qui est brillant et qui y est pour beaucoup dans ce film, qu’il fallait créer le film que Fletcher ou Andrew aurait pu créer. Il faut avoir une précision, un tempo exact. Et le style est arrivé comme ça, c’est un style dynamique, métronomique, rythmique et qui va très vite. Comme la musique dans le film.
Un peu comme des scènes de films d’action…
D.C. : Oui, voilà.
Une chose qui est appréciable dans le film, c’est que votre personnage principal n’est pas complètement bon. On le voit avec la scène avec sa petite-amie. Il est tellement passionné par son art, qu’il en devient un peu égoïste…
D.C. : C’est exactement ça. C’est pour ça que se pose la question de « est-ce que la souffrance au nom de l’art vaut le coup ? ». Pour moi, c’est difficile car je pense que j’aimerai être un humaniste autant qu’un artiste. Et parfois, c’est contradictoire. Surtout pour les musiciens car c’est l’art le plus abstrait. Se dire qu’on peut être musicien sans personne d’autre. C’est un art très solitaire, même quand on est dans un orchestre, il y a toujours un côté très solitaire. Déjà dans mon premier film, qui était plus léger, plus tendre, ça parlait de ça. De la difficulté de trouver un équilibre entre l’art et la vie, l’art et l’amour. Ici, l’amour est une toute petite partie du film, mais elle permet de montrer toute la cruauté du monde du jazz. Parce que historiquement, c’est une musique très cruelle. C’est Buddy Rich, c’est Charlie Parker… C’est la maltraitance. Par exemple, le Bebop a été inventé parce que les jeunes musiciens cherchaient des formes de musique que les vieux ne pouvaient pas jouer. Donc il y avait une forme de rejet, une envie de dire que le jazz, c’était la liberté, l’expression. Et finalement c’est peut-être justement pour parler des thématiques de l’art versus la vie, versus l’amour, que j’ai choisi le jazz comme sujet.
A propos du morceau « Whiplash ». Vous l’avez choisi parce que c’est un morceau emblématique de ce que les élèves étudient en général ou plutôt pour le sens du titre de la chanson elle-même (Whiplash signifie « coup de fouet » en anglais) étant donné que vous racontez l’histoire de quelqu’un qui est vraiment dans l’auto flagellation ?
D.C. : Un peu les deux. Au tout début, c’était quelque-chose de très personnel. Mon tout premier jour dans un orchestre, on jouait Whiplash. Je ne connaissais pas la chanson et j’étais totalement perdu. C’était pas moi qui jouait, moi je tournais les pages et même ça, je n’arrivais pas à le faire. Ça allait très vite, le rythme est très bizarre… Déjà le titre et la chanson me faisaient peur. Et comme je voulais traduire l’angoisse et la peur dans la musique… Et Whiplash est emblématique aussi de… Comme le Bebop avec Charlie Parker, ça c’est les années 70, les Big band de Hank Levy, Don Hales et des musiciens comme ça. Ils créaient des musiques très difficiles pour les batteurs, la difficulté était faite exprès. C’était presque sadique, mais il y avait une démarche artistique aussi. Ce n’était pas pour embêter les gens, mais pour trouver de nouveaux sons, pour expérimenter… Mais à cause de ça, il y a pas mal de morceaux de cette époque qui sont presque impossibles pour un batteur.
Vous avez étudié le cinéma à Harvard. Est-ce que c’est ce que vous avez appris pendant vos études ou plutôt votre cinéphilie personnelle et vos influences, qui vous ont le plus aidé ?
D.C. : Avant Harvard, j’adorais Hitchcock, La Nouvelle Vague, mais surtout les thrillers etc… Les thrillers ont été mon premier amour, je crois. Je suis allé à Harvard et là-bas, la priorité était plutôt le cinéma documentaire, le cinéma-vérité à la Fredrik Wiseman, Jean Rouch… J’ai commencé à faire des films en 16 mm à l’épaule et c’est un peu comme ça que j’ai appris à filmer les musiciens et à faire des portraits de sous-cultures ou d’environnements très spécifiques. Et pour moi, Whiplash est un peu des deux. Il y a un côté ethnographique, documentaire, observatoire, mais c’est aussi un film un peu à la Hitchcock, à la Scorsese, un film intense, viscéral, cinétique, qui fait peur. Parce que c’est ce que j’aimais plus jeune dans le cinéma. Le cinéma qui marquait. Et c’est aussi à Harvard que j’ai découvert les comédies musicales. Je n’aimais pas trop quand j’étais petit, mais c’est là-bas que j’ai appris à connaître Jacques Demy, Fred Astaire etc… Harvard a été très formateur quand même.
Tout à l’heure, vous parliez du fait que dans les familles américaines, on va encenser quelqu’un qui joue en troisième division de football, par contre un jazzman, ça n’a pas vraiment de valeur. Et visiblement, dans le cinéma, c’est un peu la même chose. C’est difficile de financer un film sur le jazz. Le jazz n’est pas quelque-chose de sexy pour le milieu du cinéma ?
D.C. : Non, pas du tout. C’est même tout le contraire de sexy.
C’est quelque-chose qu’on vous a dit clairement, ça ?
D.C. : Oui. Je le savais déjà, mais on me l’a redit avec ce film. Même après qu’on ait fait le film. Avant Sundance, je lisais ou j’entendais « je ne vais pas aller voir un film sur le jazz » ou « un drame sur le jazz, non merci ! » etc… C’est seulement après Sundance que les choses ont commencé à changer. Et encore, il faut toujours convaincre les gens. Peut-être pas en France, mais aux États-Unis, oui. Là-bas, le jazz n’est pas populaire et c’est bizarre car pourtant, le jazz est un art très américain. C’est peut-être le seul que l’Amérique a vraiment inventé. On pourrait penser que là-bas, ils seraient un peu plus fiers de ça mais non, aux USA, le jazz, on s’en fout. C’est pas un pays où l’art est valorisé. Mais c’est valable pour tous les arts. Je sens qu’en France, c’est plus apprécié, il y a un peu plus d’éducation du côté artistique. Aux États-Unis, le sport est nettement plus important, ne serait-ce que dans les Universités. Et la scène du dîner dans le film, est vraiment emblématique (un dîner entre famille amis où les fils des voisins sont portés aux nues car ils font du football alors que le héros, Andrew, est dénigré car il ne fait « que jouer du jazz » – ndlr) . Ce sont des dîners que moi-même, j’ai vécu.
Le film est très particulier, très millimétré. J’imagine qu’il y a eu beaucoup de réécriture du scénario ?
D.C. : Oui, au tout début. Je l’ai écrit très vite au départ et après, je l’ai retouché sans arrêt pendant un an et demi.
Je ne saurai pas trop comment l’expliquer, peut-être y arriverez-vous. Quand j’ai découvert votre film, la trajectoire artistique du héros m’a un peu fait pensé à celle du personnage qui fait du théâtre dans Le Cercle des Poètes Disparus (Neil Perry alias Robert Sean Leonard)… Peut-être le côté passion pour l’art, donner sa vie pour lui…
D.C. : Oui… Ça fait longtemps que je ne l’ai pas vu, mais ça m’avait pas mal frappé quand je l’ai vu, petit. C’est vrai que c’est un peu la tragédie de l’art. Pour moi, faire le portrait de Shaffer, cette école inventée, c’était un peu le reflet de mes propres expériences à Harvard. Parce que la musique à l’Université ou dans une école, on pense souvent à quelque-chose de très jouissif, de très libre, délicat, de sublime. Et on oublie souvent la dureté, le côté cruel et hyper-compétitif. Harvard, c’est vraiment ça. Je voulais explorer ce côté-là de l’éducation.
Dans votre film, vous montrez ce contraste entre l’obsession de l’art et l’amour et cette incompatibilité. Pourtant, dans votre vie personnelle, vous avez rencontré la femme de votre vie à l’Université, elle a soutenu et produit vos films… Vous formez une team. Tout le contraire de ce que montre le film…
D.C. : Heu… C’est un peu dépassé parce qu’on est séparé ! (bravo à notre confrère pour cette question… ndlr) Mais justement, je n’ai pas réussi à trouver l’équilibre entre l’art et le mariage… Je réessaierai sans doute, mais ça n’a pas duré. C’est quand je faisais le montage de ce film que mon mariage s’est écroulé. En tout cas, l’écriture du scénario datait d’avant donc ce n’est pas une réponse à cela. Mais c’est une lutte continuelle. J’essaie tous les jours et pas seulement dans le côté romantique de la chose. Avec la famille, les amis… J’essaie de trouver cette balance dans la vie en général. Je ne suis pas doué pour faire cet équilibre. Je dois m’améliorer là-dessus. C’est une lutte continuelle. On va voir !
Aimez-vous Raging Bull ? On sent une inspiration…
D.C. : Oui, beaucoup. C’est l’un des plus grands films qui ait été fait. Ce que j’adore dedans, c’est ce qu’il symbolise. Ça n’allait pas très bien dans la carrière de Scorsese à ce moment-là. Il était un peu dans le creux. Il a fait le film un peu façon kamikaze. Il ne savait pas s’il referait des films alors il s’est dit « je vais tout mettre dans celui-ci parce que c’est peut-être mon dernier ». Et au final, c’est son meilleur. C’est tellement inspirant.
On parlait tout à l’heure de J.K. Simmons. Dans la manière de travailler avec les acteurs du film, il y a t-il eu de la place pour l’improvisation, qui est d’ailleurs quelque-chose d’important dans le jazz…
D.C. : Au début, c’était un peu figé. Les dialogues étaient écrits. Mais il y avait toujours l’occasion de faire quelque-chose d’improviser. Et il y a un peu d’improvisation dans le film. En tout cas, pour les insultes lancées par J.K. Simmons, quelques-unes sont improvisées, mais la plupart étaient écrites car très précises dans le langage. Mais c’est vrai qu’avoir des acteurs aussi doués que Miles Teller ou J.K. Simmons est une chance donc ç’aurait été dommage de ne pas les laisser jouer. J’ai essayé de faire l’équilibre entre la préparation exacte (dialogues, storyboard) et la liberté de tenter des choses. Parce que ce qui était important, c’était l’alchimie entre les acteurs.
Quand on vous écoute parler de jazz, la façon dont vous voyez cet art, cette philosophie du rejet de ce qui a été fait avant, d’inventer de nouvelles choses etc.… En fait, on a l’impression que vous parlez du jazz comme vous pourriez parler de la Nouvelle Vague française. Et justement, dans votre film, à certains moments, j’ai l’impression de revoir le Godard des débuts, ses expérimentations de mise en scène, de montage, avec des plans qui s’entrechoquent etc… Un peu comme à l’époque, le Godard de A Bout de Souffle…
D.C. : Oui, peut-être. J’espère. J’adore A Bout de Souffle et je pense que Godard est peut-être le plus grand génie de toute l’histoire du cinéma. Et Scorsese tient beaucoup de Godard donc à chaque fois que je m’inspirais de Scorsese, je m’inspirais un peu de Godard. A Bout de Souffle est peut-être le film le plus important de ces 50 ans dernières années. Et puis dans la Nouvelle Vague, il y avait vraiment un côté jazz. Et pas seulement dans la musique comme pour A Bout de Souffle. Il y a un côté jazz dans le montage, dans la caméra. Et j’adore ça.
On sent dans votre film quelque-chose qui vient des tripes. Et de film en film, vous allez sûrement être amené à vous auto-critiquer sur votre travail passé. Sur votre prochain film, il y a t-il des choses que vous aimeriez changer ?
D.C. : Je ne suis pas sûr car mon prochain film est quelque part le contraire deWhiplash dans les émotions que je veux transmettre. Après, on veut toujours apprendre de ce qu’on fait et de ses erreurs et tout ça. Je sais que j’ai appris des choses au niveau structure, écriture, qui vont m’aider sur le prochain film. Mais je sais aussi qu’avec celui-ci, je vais commettre d’autres erreurs que je ne peux pas anticiper. On essaie de les deviner, mais c’est impossible.
De quoi êtes-vous le plus satisfait sur Whiplash ?
D.C. : C’est difficile car j’y vois des petites choses qui me rendent dingue et que je voudrais changer. Des détails. Et ça va sûrement prendre 10 ans peut-être, pour que j’ai assez de recul pour me demander si ce film marche ou pas. Là, je suis trop dedans encore, je vois que les détails que je n’aime pas. On s’améliore avec l’expérience là-dessus.
Le tournage s’est fait en 19 jours, c’est dingue. Vous aimeriez avoir des conditions plus confortables à l’avenir ou au contraire, c’est dans la contrainte que la créativité est meilleure ?
D.C. : Un peu des deux, je pense. La contrainte inspire. Mais avec ce film, on a eu pas mal de chance quand même. On était si proche de l’échec total, chaque jour. Et je n’aime pas cette sensation de peur. Je n’aime pas faire des films avec la peur. Peut-être que cette fois, ça a marché car le film parle de la peur, mais mon prochain film ne parle pas de ça et j’espère avoir un peu plus de temps pour le tourner.
Pourriez-vous nous parler de votre prochain projet, La La Land ?
D.C. : Oui. Ce sera encore un film musical, mais plutôt une comédie musicale, à la Jacques Demy, Vincente Minnelli ou Stanley Donen. Ce sera toujours avec Miles Teller (et Emma Watson – ndlr) et on va tourner l’année prochaine à New York. Là aussi, je pense que ça va parler des mêmes choses, l’art et l’amour, l’art et la vie et comment trouver un équilibre. Les thématiques seront les mêmes, mais pas l’émotion. Là, ce sera plus la joie de la musique, pas la peine et la souffrance. Ça ne sera pas un film brutal. Mais c’est un monde que je connais et qui continue de m’intéresser.
Encore avec Miles Teller… Peut-on dire que, comme d’autres réalisateurs, vous avez trouvé votre acteur fétiche ?
D.C. : (rires) Je ne sais pas parce que ça ne fait qu’un film de tourné, pour l’instant. Et je ne sais pas ce qu’en pense Miles Teller. Mais oui, j’aimerai faire n’importe quoi avec lui. Je pense que c’est le plus grand « jeune acteur américain » à l’heure actuelle. Il peut tout faire. Et c’est quelqu’un de très sérieux, qui bosse beaucoup. C’est drôle parce que la première fois que je l’ai rencontré, il avait l’air un peu fêtard, il rigolait beaucoup, il était très charmeur… La première fois, je me suis dit que ce n’était pas vraiment le personnage d’Andrew. En fait, Andrew, ce n’est pas Miles Teller. Mais ils ont quelque-chose en commun, c’est la passion et la fragilité des yeux et du visage.
En tout cas, la collaboration marche très bien.
D.C. : (rires) Oui, j’espère que ça va continuer !
Whiplash était un projet personnel, qui vous tenait à cœur. J’imagine que l’accueil qu’a reçu le film hier à Deauville, avec cette formidable standing ovation, ça a dû beaucoup vous toucher ?
D.C. : Oui, ça m’a touché énormément. Moi je suis toujours pessimiste, je crains toujours le pire. Et j’étais dans la salle parce que j’ai regardé le film avec mes cousins. La salle était énorme et même si on a fait des projections avant, des festivals etc… C’est la plus grande salle où on a présenté le film. C’est quelque-chose de nouveau quand même et ça a été très émouvant. On était avec Miles Teller et c’était très beau.
Retranscription par Mondocine.net
Merci à Bossa Nova.