La vie d’une femme peut-être marquée par des événements importants tous différents et cumulés : un homme, un enfant, un voyage, un sourire, un film, une chanson, un livre, etc.
Par un après-midi familial d’automne, La Meilleure (l’unique) vient me voir avec un livre à la main et me tint à peu près ce langage : « je suis en train de lire un livre, tu devrais le lire, toi qui aimes le cinéma et regarder les films de Tarantino. L’histoire… C’est du grand n’importe quoi : il y a des moines, un tueur en série, un barman, c’est écrit… C’est spécial. Je n’ai pas aimé au début et en fait, c’est génial ». Ce n’était pas ses mots exacts, mais c’est ce que j’en ai retenu.
La vie de La Meilleure et moi a donc été marquée par deux hommes et un livre d’un seul coup, enfin une tétralogie pour être exacte : l’auteur des livres qui répond au doux nom d’Anonyme (frustrant), le Bourbon Kid lui-même (ce sont les deux hommes) et les livres : Le Livre sans Nom, L’œil de la Lune, Le Cimetière du Diable et Le Livre de la Mort. La Meilleure a lu d’autres bouquins après ceux-là, mais rien n’y fait. Le manque est présent. Rien n’arrive à surpasser ou à égaler le Bourbon Kid. Et je la comprends.
Quand vous tiendrez pour la première fois Le Livre sans Nom entre vos mains, que vous aurez dépassé les premiers chapitres un peu « fadasses » qui installent cet univers hors du commun (des mortels), plus aucun retour ne sera possible. Quittez votre lecture pour attraper votre correspondance sera un déchirement, toutefois, vous serez heureux de retrouver Sanchez, Kacy, Dante, le Bourbon Kid et toute la pléiade de personnages hauts en couleurs. Votre lecture/visionnage sera tellement passionnante que vous oublierez tout. Vous avez bien lu, lecture/visionnage. Avez-vous déjà lu un film ? C’est exactement ça. Tout est tellement bien détaillé sans paraître lourd que lorsque vous lirez, vous plongerez directement dedans, vous serez aspiré directement à Santa Mondega. Vous visualiserez tout comme si vous y étiez, sans vous forcer. J’aurais beau vous expliquer, ça se vit !
Concernant l’écriture, alors là mes enfants ! C’est comme si vous parliez à un pote drôle, intelligent, direct et qui n’y va pas avec le dos de la cuillère. Tout y passe : la raie du cul de Sanchez, en passant par les cons, les salopes, j’en passe. Un vrai florilège ! Une répartie et des expressions qu’on aurait aimé inventer ou connaître. Vous sourirez, beaucoup. S’ajoute à cela, une écriture adaptée à la personnalité des personnages : les chapitres, courts, s’organisent du point de vue d’un personnage, quel qu’il soit, oscillant entre la narration à la troisième personne et à la première suggérée. Ainsi, si l’action est vue par Elvis ou par Sanchez (par exemple), la façon de raconter sera différente, le langage employé changera, idem pour les dialogues. En gros, lire les livres d’Anonyme c’est comme lire un roman, un scénario, écouter une conversation, tout en étant dans l’action. De plus, chaque chapitre est construit comme des épisodes d’une série à suivre, vous laissant sur le carreau d’un suspense quasi insupportable jusqu’à ce que l’auteur daigne y revenir. N’oubliez pas une chose : Anonyme est malin et c’est lui qui vous mène par le bout du nez, comme le Bourbon Kid. Si vous cherchez un genre à ces livres, laissez tomber ou alors il faudra chercher à la fois dans le polar, dans le fantastique, le romanesque, l’action (entre autres).
Pour l’histoire, eh bien je vais faire comme La Meilleure : il y a des moines, un barman pas très attaché à la propreté, un mec avec un sérieux problème de boisson, un faux Elvis, un mec avec nom de chien qui donne l’impression de faire du rodéo et plein d’autres encore. Ça vous paraît bordélique, c’est normal, mais ça ne l’est pas. On se familiarise très vite avec eux, car ils sont bien identifiés. Toutes les ouvertures que se permet l’écrivain, toutes les intrigues lancées seront tôt ou tard fermées en nous emmenant loin, très loin… bah à Santa Mondega !
Vous deviendrez accro à ces gens peu honnêtes, au crime, aux créatures du mal (ah je ne vous ai pas dit ? ! Il y a des vampires assoiffés de sang, à 100 lieues de Twilight), à la chaleur étouffante, à la cuvée spéciale du patron du Tapioca, etc. Et vous prierez pour que ça ne se finisse pas, pour qu’Anonyme écrive un tome 5, pour que son identité soit enfin révélée, vous l’idolâtrerez et le détesterez de vous avoir fait entrer dans son monde complètement barré et malsain.
Et surtout, vous espérerez que sa tétralogie soit transposée au cinéma.
Comme dirait Anonyme : « to be continued ».
Je dédicace cet article à La Meilleure, un immense merci de m’avoir fait découvrir cette quadrilogie et de m’avoir présenté à cet homme, le Bourbon Kid, bien sous aucun rapport. Elle et moi en parlons encore, spéculons sur d’éventuels acteurs pour incarner ces personnages atypiques. Je t’aime.
PS : Si Anonyme veut m’accorder une interview, il fera de moi une blogueuse heureuse.