J’avais proposé à A. d’écrire un article et voilà ce qu’il a écrit :
C’est assez bizarre. Tu me disais depuis longtemps ton envie de partir. Et seulement aujourd’hui, je comprends la teneur de cette envie. De ce besoin.
Je suis là, dans le froid, à t’écrire à te faire mes adieux, sans savoir quand tu partiras.
Et mon cœur est lourd comme si tu partais demain. Comme si j’étais sur le quai, à t’observer à travers la fenêtre de ce train qui t’emmènera loin de moi.
Je sais que c’est pour bientôt. Ne serait-ce que dans un an, ça serait toujours trop tôt.
Je ressens déjà le vide autour de moi. Je sens que je perds une des béquilles de ma vie. Un soutien inébranlable.
Il serait si bon de pouvoir te dire « Partons. Vivons ceci ensemble. » Mais je ne le peux. D’abord parce que c’est quelque chose que tu dois vivre par toi-même.
Tu dois te démontrer ta valeur. Celle que nous sommes nombreux à avoir perçue.
Tu es là, tu es loin. Et je me demande s’il n’est pas futile de t’écrire ceci. Tu me connais. Tu sais ce que je pense et sens.
Mais je me dis qu’il est toujours bon de se souvenir que, quelque part dans le monde, quelqu’un vous aime. De manière inconditionnelle. Qu’où que vous alliez quelqu’un porte un petit bout de soi dans son cœur.
Je suis triste. Égoïstement triste parce que tu pars. Triste de faire étalage de ma tristesse. D’attacher un boulet à ton cœur qui déjà doit être bien chamboulé.
Mais je suis heureux que tu partes. Et je me réjouis aussi de nos prochaines retrouvailles.
Quand nous nous retrouverons, les choses auront bien changé. En bien? En mal? Peu importe, elles auront changé.
Tu sais, je suis là, assis dans le froid parisien à attendre ton retour. Alors que tu n’es pas encore partie.
… Tu m’as manqué.
Je suis là, dans le métro et je me rends compte que je n’ai parlé que de moi. Alors que je devrais parler de toi.
Peut-être devrais-je te dire combien le temps qui nous a été donné m’a été précieux…? Ou combien ta présence, tes mots, tes silences ont été importants à mon équilibre…? Que ta présence frêle m’a aidé à être fort quand je vacillais… Peut-être est-il temps de te dire combien j’aime cette Vie parce qu’elle t’a mise sur mon chemin…?
Je crois que je ne le ferai pas. Ce n’est pas mon style de m’ouvrir. Pas mon style de dire des banalités. Et surtout de répéter les choses que j’ai déjà dites.
Je suis las, dans le métro, à remplir des petits papiers jaunes autocollants de mon écriture serrée et dégueulasse – tellement dégueulasse qu’il se peut que je ne puisse me relire-. Ici, à me mettre à nu, entouré d’étrangers.
J’ai l’impression d’être ailleurs. Que ces gens n’existent pas. Comme autant de fantômes qui m’entourent et me laissent tranquille.
Ils ne sont pas là.
Je suis avec toi.
A.
Pas la peine que je vous précise de qui il parle. Il a choisi ce titre, j’aurais opté pour « Ode à l’Amitié », mais c’est son choix, je respecte. J’espère qu’il vous parlera tout autant qu’à moi.
Il vous dévoile par la même occasion que si mes projets se goupillent comme je le souhaite, eh bien, je partirai. Je ne vous en dis pas plus pour le moment, mais je vous tiendrai au courant.
À toi : tu fais chier de me faire pleurer !