Souvent quand je découvre des vieux films ou d’autres qui datent d’une vingtaine d’années, je me dis que j’ai la surprise à 30 ans sonnés de découvrir des œuvres que beaucoup ont découvert il y a longtemps. Je dis ça pour deux raisons : la première, c’est que si je les avais découvert il y a longtemps, je n’aurais pas eu l’analyse et le recul nécessaire pour les appréhender à leur juste valeur. La deuxième, c’est qu’à leur du numérique et de l’utilisation à outrance d’effets spéciaux, il est absolument fascinant de découvrir qu’il y a plus de 35 ans en arrière (voire plus), il était possible de réaliser des films incroyables, qui dégagent bien plus que des films d’aujourd’hui. Je me rends compte qu’il n’y a pas d’âge et qu’il n’est jamais trop tard pour apprécier de vieux films, même si on a été « formé » sur du moderne.
J’ai donc découvert avec du retard, Le convoi de la peur de William Friedkin qui est ressorti sous le titre Sorcerer et j’ai été soufflée. Dans une ère où l’effet spécial est surconsommé, Friedkin s’est contenté de recréer pour donner plus de réalisme et d’authenticité, n’utilisant aucun effet. En voyant le résultat, on ne peut qu’être en admiration.
Là où certains s’inquièteront de savoir comment il est possible de faire un film sur un convoi, je leur dirais qu’il y a bien un mec qui a fait un film palpitant avec un camion qui colle au train d’une voiture (pour info, je parle de Duel et ce n’était que Spielberg). Friedkin vous tiendra en haleine, sur le fil du rasoir, où la moindre pierre, la moindre embûche peut être fatale. Résisterez-vous à l’envie de vous ronger les ongles ? Aussi surprenant que cela puisse paraître, oui, il y a bien Bruno Cremer (alias Maigret), complètement convaincant dans son rôle d’homme secret.
Je ne peux que vous inviter à découvrir Sorcerer, il comblera votre cœur de cinéphile et vous époustouflera autant par le scénario que par la réalisation.
Retrouvez la folle masterclass de William Friedkin lors de son passage à Paris.
Bonus :
- Sorcerers, Conversation entre William Friedkin et Nicolas Winding Refn (1h14) : 1h14 absolument passionnantes entre les deux réalisateurs. Deux générations qui s’expliquent sur le cinéma et sur la construction du Sorcerer, depuis l’idée jusqu’à sa ressortie en salles cette année en France. Refn travaille son entretien en posant des questions du point de vue du metteur en scène. Tout y passe : la genèse, la production, le budget, le changement de casting, le tournage, le montage, la musique, la distribution, la ressortie par La Rabbia. Une évolution complète sur Sorcerer. De plus, Refn pousse Friedkin dans ses retranchements pour exposer la sensibilité du réalisateur sur l’échec du film lors de sa sortie en salles, on sent clairement une tension entre-eux, ce qui déplaît beaucoup à Friedkin de devoir ressasser le passé. En plus d’un film incroyable, ce supplément vaut à lui seul l’achat du DVD ou du Blu-Ray.
- Métaphysique de la peur par Philippe Rouyer (25 minutes) : le critique donne sa perception du film et de la peur .
- William Friedkin sur le tournage de Sorcerer : document d’archives (6 minutes) : quelques minutes muettes sur le tournage du film.
- Bande-annonce originale/bande-annonce française
- Galerie de projets d’affiches
Sortie en vidéo le 02 décembre 2015.