Si vous ne connaissez pas cet album d’Astérix, pas de panique… Moi non plus. Heureusement qu’Alexandre Astier a décidé de dépoussiérer ce tome oublié d’Uderzo et Goscinny. Si vous n’avez pas vu la bande-annonce, ni entendu parler du film, sachez qu’il s’agit bien d’un film d’animation et non d’un film en prises de vue réelles. Rendons à César ce qui lui appartient (pour la blague, c’est fait).
Première chose : Astérix le domaine des Dieux est en images de synthèse. Ça peut paraître rebutant à première vue (j’étais la première sceptique), mais en fait, quand on se rend compte que l’univers d’Astérix est bien présent, on s’habitue à l’effet 3D. D’ailleurs, je n’ai pas eu l’occasion de le voir avec des lunettes 3D, cependant, on voit clairement en 2D qu’il y a eu du travail sur certains effets et sur la profondeur de champ pour optimiser la 3D. Donc l’image de synthèse approuvée pour une série de dessins animés en dessins traditionnels très ancrée dans le patrimoine français. J’aime beaucoup l’effet de texture. Le tissu du pantalon d’Obélix en est un très bon exemple.
Deuxième chose : Alexandre Astier y a mis de sa touche personnelle si spécifique, en grande partie dans les dialogues, les références (King Kong, Le Seigneur des anneaux, voire même dans la politique. Amusez-vous à les repérer) et en ajustant le scénario (en collaboration avec Louis Clichy) pour lui donner une dimension plus cinématographique, plus soutenue. Les gags sont parfois prévisibles, mais n’en restent pas moins jouissifs. Il aurait pu d’ailleurs pousser le bouchon un peu plus loin (Maurice – Double réf.) dans l’humour, élément majeur et attendu avec Asterix et Astier. On ne va pas lui en vouloir, il y a tout de même des perles qui me font mourir de rire (même après un second visionnage).
Troisième chose : LE casting. Particulièrement travaillé et bien choisi. Déjà, pour les amateurs du dessin animé originel, sachez que Roger Carel a accepté de sortir de sa retraite pour reprendre le doublage d’Astérix ! Et ça, c’est tout bonnement génial : ça donne un petit côté nostalgique, tout en faisant un lien avec les vieux dessins animés. Toute façon, je ne vois pas qui d’autre pourrait faire Astérix à part Roger Carel. C’est un monument. L’idée de génie, qui vaudrait un dessin animé rien qu’à lui seul, c’est Duplicatha (l’esclave) et la voix qui lui est associée : Laurent Lafitte. Comment vous dire ? Le personnage, la voix, le langage et la diction, du pur bonheur en boîte ! Duplicatha se suffit à lui-même pour le comique. Rien que d’y penser, j’en ri toute seule. Florence Foresti sied à merveille à Bonemine, Astier joue très bien son rôle de centurion, Elie Semoun est parfait en légionnaire casse-pieds, Lorànt Deutsch s’habille très bien de l’architecte Anglaigus, clin d’oeil à Alain Chabat en lui accordant le doublage du sénateur Prospectus, etc, etc. Des voix qui nous sont toutes familières et que l’on prend plaisir à reconnaître.
En définitive, Astérix – Le domaine des Dieux est un mélange de traditionnel par l’histoire, l’univers d’Uderzo et Goscinny, et de contemporain avec la touche d’Alexandre Astier. Si on n’avait qu’une chose à demander : à quand une adaptation rajeunie des 12 travaux d’Astérix, à mon sens le meilleur album et le meilleur dessin animé des aventures d’Astérix ? Allez-y je suis incollable dessus.
Bonus :
– Interview Alexandre Astier et Louis Clichy (16 minutes) : La naissance du projet, volonté de créer un film en 3D à la base. Pourquoi le choix s’est orienté sur Le domaine des dieux ? Comment adapte-t-on une bande-dessinée autant ancrée dans le patrimoine, notamment en appuyant le travail sur les dialogues et les enjeux. Qu’est-ce qui a été ajouté par rapport aux dessins de base (texturisation par exemple) ? Comment gérer un aussi gros budget ? L’équipe a dû faire des choix, car chaque prise de position graphique a un coût. Cette partie des suppléments développe vraiment l’envergure du projet dans le paysage français, se rapprochant beaucoup plus des méthodes américaines.
– Astérix le domaine des dieux : Les voix (6 minutes) : quelques images sur l’enregistrement des voix et la manière de travailler plutôt inhabituelle.
– Scènes coupées (8 minutes) : 4 scènes, dont 2 alternatives non terminées, façon croquis – storyboard.
– Bande-annonce
– Teaser
Sortie en vidéo le 31 mars.