J’ai cherché une belle phrase d’accroche, quelque chose qui rime ou quelque chose de poétique pour démarrer cette critique de ce film qui m’a poignardé le cœur, mais je n’ai pas trouvé. J’ai, je pense, les mots pour vous décrire À trois on y va, mais je n’ai rien pour l’amorcer. Alors tout sortira, peut-être de manière brouillonne, peut-être en désordre.
À trois on y va, le nouveau film de Jérôme Bonnell est un triangle amoureux plus particulier que les autres : un couple se trompe avec la même femme.
C’est une comédie romantico-mélancolique, à la fois douce et terriblement amère, une spirale de passion et d’amour qui aspire, piégeant quiconque s’y aventura, surtout les plus naïfs. Mélodie, celle dont le cœur s’est involontairement immiscé entre ce couple, s’est perdue dans une chimère, la pire de toute : l’espoir que. Un jour, peut-être. Elle est éperdument amoureuse de Charlotte, envisageant tout avec elle et attendant quelque chose qui ne viendra peut-être jamais. Et de l’autre côté, il y a Micha (en couple avec Charlotte donc), qui voit sa copine s’éloigner, cette copine qui a toujours été insaisissable, énigmatique, et qui va lui aussi se tourner vers Mélodie. Micha reste indéniablement accroché à Charlotte, Charlotte ne peut pas se défaire de Micha, et Mélodie bien qu’ayant un cœur assez gros pour accueillir deux personnes, bien qu’elle apporte bonheur et réconfort, bien qu’elle se donne corps et âme, Mélodie souffre et se perd lentement.
C’est difficile de s’abandonner à quelqu’un qui ne s’abandonne pas totalement à vous, de faire des choix, de se défaire d’une vie de couple pas si heureuse, qui ne se raccroche plus à grand chose, mais qui perdure par sécurité et habitudes. C’est difficile d’être fort, de prendre des décisions : rester ou s’éloigner ? Être heureux ou malheureux ? Se séparer ou continuer l’air de rien, gardant ses œillères bien fixées.
C’est à celui qui fera le premier pas vers le changement, qui se sacrifiera, vers une certaine liberté, la liberté et le courage de recommencer ailleurs et de tourner la page. Pour être heureux il faut savoir passer par la souffrance du manque, de la distance, de la rupture, de la nouveauté, de l’inattendu, passer outre la naïveté que tout va bien en apparence et que fuir ne réglera rien.
Jérôme Bonnell signe un film drôle, innocent, sensible, tendre, naïf, parfois enfantin, parfois plein de grâce pour de jeunes adultes qui apprennent l’amour au jeu du hasard. Une réalisation douce et épurée, l’utilisation de gros plans pour accentuer la proximité et l’identification, intégrant complètement le spectateur à l’histoire. Trois acteurs attachants pour trois personnages bien distincts.
Certains se reconnaîtront dans ces sentiments qui explosent, dans ce tiraillement et dans cette souffrance qui gangrène tout.
J’avoue en relisant ma critique que c’est un peu embrouillé, mais elle représente bien la confusion des sentiments.
Bonus :
– Quatuor (court-métrage) (10 minutes) : en noir et blanc et muet, où le bruit de la pellicule qui tourne est omniprésent. Ce court-métrage raconte l’histoire d’un homme qui trompe sa femme sous son nez, pendant qu’un ami couvre le bruit en jouant des instruments. C’est très burlesque, exagéré, façon Chaplin mal exécuté, voire grotesque.
– Bande-annonce
Sortie en vidéo le 05 août.