Je sors un peu de la culture propre pour revenir à mes amours : la cuisine. Ceux qui me connaissent et me suivent depuis longtemps savent qu’il m’arrive d’en parler ici de différentes manières : livres, via le cinéma, ou par des expériences. Et aujourd’hui, je vous parle d’un événement auquel j’ai assisté : le concours Jeunes Talents Maîtres Restaurateurs.
Histoire de poser un peu le contexte, la certification Maître Restaurateur est délivrée par l’Etat, elle répond à 32 normes que le restaurateur doit respecter pour l’obtenir. La demande doit être renouvelée tous les quatre ans. Principales caractérisations : la cuisine doit être faite maison et de saison. N’importe quel restaurateur peut avoir cette certification, qu’il soit un petit restaurant de quartier qu’un étoilé.
J’aime beaucoup ce principe, car cela permet d’avoir accès à la qualité en un coup d’œil, aux quatre coins de la France, sans forcément se ruiner. Le concours des jeunes talents permet aux futurs chefs de moins de 24 ans d’ajouter une jolie ligne à leur CV, leur permettant ainsi d’accéder à de plus beaux établissements, plus facilement.
J’ai donc sauté sur l’occasion d’aller voir comment se passait le concours. Pourquoi ? D’une part, cela m’a permis de fouler le sol de l’une des plus prestigieuses écoles de cuisine de France, à savoir Ferrandi, et d’autre part, de voir comment ça se déroulait en cuisine, car mine de rien, dans peu de temps, ça sera aussi mon tour avec mon examen de CAP Pâtisserie. Le parrain, cette année, était le chef de l’Elysée, Guillaume Gomez.
Nous avons pu accéder de temps à autre aux cuisines, à ses jeunes pris dans le feu de l’action : quatre heures pour servir un plat et un dessert avec des ingrédients imposés. Une épreuve qui demande de l’organisation, de la rapidité et du sang froid. Chaque candidat est passé avec sept minutes d’intervalle pour que les jury (deux fois trois chefs, un pour les plats, l’autre pour les desserts) puissent goûter et juger.
Voici quelques photos des assiettes réalisées :
Après des heures de dur labeur et d’attente jusqu’à la fin des dégustations et la délibération, les jury ont rendu leur verdict. Cette année, c’est Léo Achille, tout juste 20 ans, qui a remporté le concours Jeunes Talents Maîtres Restaurateurs. Cette future graine pleine de talent aura la possibilité d’effectuer un stage de deux semaines dans les cuisines de l’Elysée. Vous pouvez le retrouver dans la cuisine du restaurant Domaine d’Auriac auprès du Maître Restaurateur Philippe Deschamps.
Nous avons pu également de déguster un superbe buffet de fromages, charcuterie et de fruits de mer qui ont changé ma définition du mot coppa et huîtres (des huîtres si savoureuses qu’elles n’ont pas besoin d’assaisonnement pour être mangées, ce fut une grande première).
J’ai découvert un monde particulier qu’est celui de la gastronomie. Un petit monde de privilèges, où tout le monde se connait et où tout semble plus facile d’accès. Un monde que j’ai trouvé fermé et froid si on ne porte pas une veste à son nom, où si l’on ne fait pas partie du milieu de quelque manière que ce soit. Vous me direz qu’il en va de même pour le monde du cinéma, de la musique, etc. Oui. Mais pour une fois que j’ai pu approcher d’aussi prêt un lieu si prestigieux, entourée de grands chefs, c’est là que l’on se rend compte du fossé. Et pourtant, j’aurais adoré échanger, me faire répéter des conseils que j’ai entendu, mais je n’ai pas osé demander, sentant ce regard distant, car considérée comme venant de la presse. Et cette impression de déranger ou d’être jugé. J’ai pu néanmoins échangé avec l’un d’eux, par mégarde, parce que j’ai estimé que c’était un monde d’hommes et que peu de femmes étaient médiatisées. J’en ai profité pour lui demander son parcours rapidement. Et ça s’est arrêté là. Il n’a jamais demandé qui j’étais, ce que je faisais. Je remercie l’attachée de presse de chez Bubbling Bulb d’avoir su me mettre en avant et d’avoir mentionné que j’allais bientôt passer mon CAP pâtisserie. Ce fut très gentil de sa part. Cela dit, une future pâtissière de plus de 30 ans, qui n’a fait aucun stage dans un lieu prestigieux, c’en est ridicule face à des jeunes qui tournent dans la gastronomie. Et je ne vous parle même pas de cette vision face à ces bonhommes de la haute. J’ai tout le respect pour la cuisine française et pour ses acteurs que j’admire, toutefois, j’avais besoin de partager cet aspect que j’ai ressenti. À croire qu’avec la notoriété/le talent/le grade viennent la distance et ce manque de proximité.
Vous pouvez voir davantage de photos ici : https://www.flickr.com/photos/vandevivere/sets/72157667194895618/with/26208291407/
(Crédit photos : Jean Louis Vandevivère)