En sélection officielle lors du dernier Festival de Cannes, j’ai eu le plaisir de découvrir Youth hier soir. Il m’avait beaucoup intriguée au dernier Showeb, l’extrait que nous avions eu était pour le moins étonnant (dont l’affiche s’inspire). Les retours cannois étaient un peu partagés, mais il en ressortait plutôt du positif et il faisait partie des films en compétition que j’avais envie de voir.
Que vaut ce nouveau film de Paolo Sorrentino (le premier que je découvre de ce réalisateur) ? Youth est-il source de jeunesse éternelle ? Était-il à la hauteur de mes attentes ?
Youth, c’est 2h de film sur la vie, ordinaire, extraordinaire, la vieillesse, la jeunesse, l’être humain, les émotions, le commun des mortels. Comme champ d’exposition, un hôtel perdu dans les Alpes Suisses, gigantesque huis clos entouré de verdure et de fleurs champêtres, lieu de villégiature pour le voyeurisme, l’observation, l’intrusion dans le quotidien, où les personnalités tendent à se révéler. Microcosme caché dans les montagnes, chaque chambre est révélatrice de personnages atypiques, aux secrets bien enfouis.
« La jeunesse » de Sorrentino s’oppose à la vieillesse, parfois elles s’allient ou se mélangent. Youth expose les destins croisés de célébrités, de personnes ordinaires au service de ces personnalités de renom, pour finalement nous faire comprendre que bien que nous soyons physiquement différent, que nous sommes ou avons été connus ou que nous ayons un métier lambda, que nous soyons jeune ou vieux, nous sommes tous pareils : nous fonctionnons avec nos émotions, nous avons nos secrets, nos mensonges, nous nous cherchons, nous nous évadons avec nos passions, nos activités. Peu importe que vous ayez accompli de grandes choses dans la vie, cela ne fait pas de vous quelqu’un de fondamentalement meilleur, au contraire. Les mots et les actes nous égratignent tous.
Réalisateur, compositeur, masseuse, assistante, prostituée, etc. nous avons tous une particularité qui nous rend tous extraordinaire, qui nous différencie, qui nous rend unique et qui peut apporter quelque chose d’authentique aux autres, faisant ressortir des qualités inespérées, et même quelque chose qu’ils ne trouvent pas au fond d’eux-mêmes.
La réalisation est surprenante, gracieuse, profonde, recherchée, méticuleuse, accompagnée d’une superbe photographie. Paolo Sorrentino a su sublimer le quotidien paisible des résidents de cet hôtel, offrant des portraits émouvants, sensibles, parfois drôles, innocents, solitaires (à ce propos, le film met aussi en exergue la vaine quête de l’être humain à lutter contre la solitude) à travers des acteurs d’exception : Michael Caine, Harvey Keitel, Rachel Weisz, Paul Dano, Jane Fonda, aucun ne tombe dans le surjeu, apporte énormément au récit. On s’accroche à chacun d’entre-eux.
Youth est riche de sujets, d’interprétations, il est fascinant, troublant de réalisme et de sensibilité. Il capte l’attention par une qualité de photo remarquable, une réalisation léchée et complexe, et un scénario dans lequel chacun pourra s’y retrouver. J’en oublie la bande originale, une pure merveille. Sorrentino a su jouer avec les émotions de ses personnages et ceux du spectateur, regardant au plus profond de nous-mêmes avec un grand sens du détail.
Sortie en salles le 09 septembre.