Je reçois Natacha à dîner qui nous raconte comment elle a été happée par le film Pas son genre.
Pas son genre, le vôtre peut-être, ou pas, le mien oui. Il faut gratter le vernis et j’aime gratter le vernis…sous le vernis j’ai trouvé de la finesse dans le jeu, un film tout en nuances, une danse à deux, tango peut-être. Un film lumineux et sombre à la fois, tous les tons des âmes errantes explorés avec franchise et sans voyeurisme.
Une quadra ado, mais responsable, Jennifer, dites à la English Phonetic « Djenifer », elle préfère. Une femme simple, car spontanée, sans calcul, qui va chercher la vie où elle est. Une femme enfant au sourire émerveillé, scotché sur son visage, mère Theresa de la coiffure. Elle rêve du prince charmant avec qui elle chanterait « j’ai encore rêvé d’elle »…et quand elle chante, c’est du fado karakoe. Alors quoi de plus attendrissant que les jolies filles rêveuses et romantiques, habillées aux couleurs de l’arc en ciel et buvant du chocolat chaud au réveil ?!
Un film comme un conte, joli, et grave. Joli quand l’impossible devient possible. Grave quand le constat, fataliste, que deux extraterrestres, de deux planètes différentes peuvent se plaire, jamais s’aimer. Au bout du compte…un conte joli et grave donc. Joli par les couleurs de la vie qui résistent, grave par le poison qui sans cesse ternit ces couleurs : le manque, l’envie de posséder l’autre, de le changer. Sujet intemporel, à traiter, traité, intraitable. Ce film n’est pas une comédie, ce film n’est pas romantique, ce film n’est pas une comédie romantique.
Et puis il y a ce prince charmant, seulement dans les contes : riche, beau gosse. Pourquoi s’intéresserait-il à une coiffeuse rêveuse du Nord, lui, le Parisien intello ? Il croit en tout, tout de suite, mais en rien demain, avec le sourire en coin. Il est philosophe, enseignant, écrivain…néanmoins que reste-t-il d’une rencontre d’un philosophe et d’une coiffeuse quand la philosophie devient un outil d’exploration des êtres, quand tous les êtres deviennent des sujets d’études ?
Donc non, ce n’est pas une comédie romantique. Un conte qui finit mal, pour vous qui aimez les chutes heureuses « ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants », un conte qui finit bien, pour vous qui vous réjouissez de constater que la femme enfant a grandi, n’est finalement pas si soumise et prend sa vie en mains. Un conte de toute façon, car certains événements sont improbables sauf si une baguette magique est passée par le Nord…
« Chaton », notre Clément, a eu finalement à faire à une chatte, séductrice, décidée, intelligente, une matrone Chatte. Pas son genre, le vôtre, ou pas…à vos avis.
Natacha
Sortie en salles le 30 avril