Soutenons le cinéma indépendant français fait avec peu de moyens. C’est d’ailleurs les petits films avec peu d’argent qui sont bien meilleurs que ceux avec un plus gros budget, il y a une réelle détermination et volonté de se décarcasser avec peu. Une petite présentation s’impose : Dealer est un premier film franco-congolais réalisé par Jean-Luc Herbulot. Signes distinctifs : il est inspiré de l’ancienne vie de dealer de son producteur et acteur principal Dan Bronchinson (autant vous dire qu’une insertion plus réaliste dans le milieu, c’est difficilement possible en fiction). Tourné sur 12 jours, exploit surtout quand on constate le résultat maîtrisé, caméra à l’épaule, il a bénéficié d’un budget de 165 000€ et auto-distribué. Pour la petite histoire, j’avais reçu plusieurs communiqués m’invitant à découvrir Dealer, mais je ne suis pas spécialement friande de ce genre de film où se cache en général quelques scènes un peu trop violentes pour moi (j’y reviendrai). Un jour, j’ai reçu un email de Rumblefish qui m’expliquait plus en détails ce que je vous ai résumé ci-dessus et la démarche m’a plu. J’avais envie de voir le produit fini fabriqué avec peu. Comme quoi, il n’y a pas besoin d’avoir des mille et des cents pour sortir quelque chose de réussi.
Bienvenus dans la journée de merde de Dan, celle de trop. Dealer raconte un scénario déjà vu : le dernier coup avant de tout arrêter. Seulement voilà, ça ne se passe jamais comme prévu. Sauf qu’au lieu de nous servir son scénario comme beaucoup l’auraient fait de façon banale, Herbulot s’amuse avec son montage, pour le plaisir des yeux : une bande son qui envoie du lourd pour réveiller vos tympans, une narration chapitrée à renforts de titres placardés en plein au milieu de l’image, soutenue par la voix off de Dan qui commente avec cynisme l’évolution de sa journée. Si vous vous ennuyez, franchement, je ne comprends pas. Notre dealer fait des allers-venus pour tenter de rattraper les emmerdes qui viennent s’entasser sur le coin de sa tronche. Impossible de s’endormir.
S’ajoute à cela une recherche photographique avec les couleurs et des dialogues vacillant entre vulgarité, expressions et vannes bien senties. Là, je me suis demandé s’il était possible d’avoir une aussi grande imagination pour sortir des trucs pareils ou si c’était du vécu. Est-ce qu’on parle naturellement comme ça dans le milieu ? En tout cas, les dialogues sont très crus, ils fleurissent dans tous les sens. L’ambiance y est froide, sans concession, la vérité vous est balancée telle quelle.
Dealer ne souffre ni de son budget, ni de ses 12 jours de tournage. J’ai dû passer la scène graphique trop dure à mon goût, à part cela, il met mal à l’aise par son atmosphère lourde et sa brutalité qui s’associe naturellement au milieu de la drogue.
Sortie en e-cinéma depuis le 1er octobre 2015 sur Vimeo et depuis le 1er novembre sur toutes les plateformes de VOD.
http://www.imdb.com/title/tt3670826/?ref_=nv_sr_2