Guillaume Canet et Guillaume Gallienne unissent leur force dans un film sensible et esthétique. Ou comment l’histoire d’amitié de deux artistes, tourmentés par la réussite et la reconnaissance, est mis en valeur par la réalisatrice Danièle Thompson.
D’un côté Paul Cézanne, de l’autre Emile Zola, amis depuis leur tendre enfance. Et c’est là que pèche le film au début. La rencontre entre les deux, et surtout la construction de leur amitié, n’est que brièvement évoquée. J’aurai aimé comprendre comment ces deux jeunes, issus de deux univers sociaux opposés, avaient construit une amitié pure et sincère comme celle dépeinte dans le film. Mais passons, ceci n’était sans doute pas le sujet que Danièle Thompson voulait traiter.
Le film nous plonge directement dans un univers de bouillonnement artistique et intellectuel, à l’heure de l’émergence des grands courants de l’art. Entre rejet, approbation et désillusion, c’est avant tout une amitié à la limite de la passion qui est évoquée, rappelant à coup sûr les amitiés d’enfance qui perdurent malgré des chemins de vie complètement différents.
Le contexte historique est laissé de côté : la guerre, l’affaire Dreyfus sont murmurées, pour ne se concentrer que sur les deux artistes. À juste titre – c’est le cas de le dire – « Cézanne et Moi » porte bien son nom. Une question d’une spectatrice durant la rencontre « pourquoi le film ne s’appelle pas Zola et moi ? » m’a donné l’occasion d’y réfléchir. Malgré un accent mis sur la quête de Paul Cézanne et son irrésistible envie de reconnaissance tout en se distinguant des artistes « conventionnels », le film m’a donné l’impression de voir cette quête à travers les yeux de Zola. Il porte sur son ami peintre un regard protecteur, il le rassure et essaie de la raisonner, sans jamais chercher à le changer.
Esthétiquement parlant, Cézanne et Moi évoque la Provence et ses couleurs chaudes, quand Paris est vu à travers des ruelles sombres, des bars confinés… On ressent presque l’étouffement de Cézanne et son besoin de s’évader dans ces paysages du sud, de se sentir libre, reculé dans une maison isolée.
Malgré un début un peu long et parfois difficile à saisir en raison du grand nombre d’artistes présents, ce film mérite une attention toute particulière tant il en ressort une émotion latente. Certaines scènes sont douloureuses, quand d’autres nous font sourire, avec toujours ce ressenti d’un immense amour entre les deux hommes qui n’arrive pas toujours à s’exprimer.
Sortie en salles le 21 Septembre 2016.
Rencontre avec Danièle Thompson et Guillaume Canet
Générique de fin « Cézanne et moi », 22h. Sous les applaudissements des blogueurs, Danièle Thompson et Guillaume Canet nous font l’honneur de leur présence pour répondre à nos questions. Et c’est dans une ambiance décontractée que la réalisatrice et Zola se livrent sans retenue sur leur tournage, leur approche des personnages et leur rencontre.
Si Danièle Thompson connaissait l’histoire d’amitié entre les deux artistes depuis des années, elle a consacré tout son temps à des recherches près de 9 mois avant de commencer à écrire. Correspondances, biographies, témoignages, tout a été analysé finement afin de pouvoir coller au plus près de la réalité, de retranscrire cette amitié dont, finalement, il existe assez peu d’écrits. Et pour rendre cette histoire la plus réelle possible, quoi de plus normal que de choisir LES acteurs, ceux qui interpréteront au mieux les personnages et pourront s’imprégner de cette amitié. C’est Guillaume Gallienne que Danièle Thompson contacte en premier. Elle le savait, le rôle d’Emile Zola était pour lui. Mais surprise, Guillaume Gallienne se voit interpréter Cézanne, un rôle qui ne lui colle pas à la peau à première vue, mais qui le stimule énormément. Danièle Thompson se tourne alors vers Guillaume Canet, à qui elle envoie le script pour le rôle de Zola : le duo des Guillaume était né !
Les deux comédiens vont alors s’apprivoiser et former un duo drôle, émouvant et sensible. Malgré une rencontre de longue date, lors de leurs 18 ans, ils n’avaient jamais vraiment joué ensemble. Guillaume Canet nous parle de leur rencontre, dans un hôtel Mercure à Honfleur pour le tournage d’un court métrage d’horreur. Qui l’eut cru !
Entre anecdotes et petits secrets, cette rencontre s’est révélée très, mais alors très intéressante. On apprend que Guillaume Canet se trouve un animal pour chaque personnage, afin de se mettre dans sa peau. Et pour Zola c’était… le fox terrier ! Oui, oui le fox terrier ! Pour son caractère tenace et un peu bourru. Fous rires dans la salle ! On apprend aussi qu’une scène – les filles c’est pour vous – sera en bonus dans le DVD du film : une scène où Zola et Cézanne joue nus dans une rivière. Gros malaise sur le tournage quand les pompiers de la région et leur famille sont arrivés pour « assister » au tournage, invités par la réalisatrice qui ne se doutait pas un instant que c’est cette scène là qu’ils choisiraient de filmer ! Anecdote du film qui a l’air d’avoir marqué Mr. Canet !
Bref une rencontre tout en sincérité, en bonne humeur et humour, qui apporte un peu plus d’informations sur le contenu du film !
Laurie
http://www.imdb.com/title/tt5078354/?ref_=nv_sr_1